Une entreprise « rentable » peut aussi être « responsable », ce n’est pas contradictoire ! Vous n’y croyez pas ? Dans leur dernier livre, Claire-Agnès Gueutin et Benjamin Zimmer « Une entreprise responsable et rentable, c’est possible » en font une démonstration implacable. Ils ont rencontré une vingtaine d’entrepreneurs qui ont relevé le pari de la responsabilité avec succès, dans une grande variété d’activités.
Mais d’abord, qu’est-ce que c’est qu’une entreprise responsable ? C’est une entreprise dont l’activité quotidienne dégage d’importantes externalités positives ou bien réduit fortement ses externalités négatives.
« L’économie de demain, en particulier après l’épidémie du Covid-19, doit s’appuyer sur ces nouveaux modèles qui font de l’engagement la source de leur performance », insistent les auteurs. « Entreprendre n’empêche pas de faire attention à la planète, au bien-être des salariés, à la satisfaction des clients et des actionnaires, ou à la qualité des fournisseurs. »
Les entreprises ne sont pas obligées d’être exemplaires partout, mais elles peuvent au moins tendre vers un idéal de responsabilité : « Une entreprise peut faire du fric sans pour autant tout foutre en l’air ! »
La preuve par l’exemple avec Camif, Phénix, SEB et Lita !
Camif, qui vend en ligne du mobilier et de la décoration, devait répondre aux attentes de ses parties prenantes : les clients, qui veulent des produits de qualité et si possible Made in France ; le territoire où Camif est implanté ; les fournisseurs qu’il faut payer… Une première piste a consisté à relancer Camif uniquement sur Internet, sans catalogues papier coûteux. Puis l’accent a été mis sur des produits à haute valeur environnementale et sociale, accessibles grâce au moteur de recherche.
Bilan : 73 % du chiffre d’affaires reposent sur des produits fabriqués en France, donc moins émetteurs de gaz à effet de serre, un modèle qui a attiré 80 % de nouveaux clients, dont beaucoup de jeunes. « La rentabilité n’est pas une finalité en soi, elle ne doit pas s’obtenir à tout prix, mais elle permet d’avoir les moyens de continuer d’investir et de mener à bien sa mission », constate Emery Jacquillat, pdg de Camif.
« Le déchet est une ressource » : c’est le mantra de Phénix, startup pionnière de la valorisation des invendus alimentaires. Son modèle passe par trois canaux : les consommateurs, les associations et les animaux. L’idée consiste à revendre à bas prix les invendus alimentaires des supermarchés quelques jours avant leur date de péremption. Les produits restants sont ensuite distribués aux associations caritatives dans une logique de redistribution solidaire. Et ce qui n’est ni vendable ni distribuable est recyclé en alimentation animale, dans des fermes ou des refuges de la SPA. Bilan : zéro déchet alimentaire !
Comment ce modèle est-il rentable ? En revendant les invendus, même à prix coûtant, les grandes surfaces économisent sur le coût de leur destruction, tout en bénéficiant d’une réduction d’impôt sur leur chiffre d’affaires. Et c’est bon pour leur image de marque ! Au passage Phénix prend un pourcentage sur le prix de la revente.
« Nous créons de la valeur, dans le sens monétaire et dans le sens moral, pour nos salariés, nos actionnaires, nos clients, nos fournisseurs, ainsi que pour la société et la planète », commente Jean Moreau, cofondateur de Phénix.
L’économie circulaire, chez SEB, commence dès la conception des produits : visser des éléments plutôt que les coller pour qu’ils soient plus faciles à réparer ; mélanger le moins possible les matières pour mieux les recycler ; inclure dans les processus de production des matériaux recyclés. SEB garde aussi des pièces détachées pendant dix ans après l’arrêt de la production d’un produit, et s’appuie sur un réseau de réparateurs agréés dans le monde entier. Nouveauté : en 2020, elle lance un service de location d’appareils culinaires. « Bien sûr, cela a demandé des investissements industriels lourds, mais il ne faut pas attendre d’être parfait pour se lancer », explique Joël Tronchon, directeur du développement durable du groupe.
Résultat : la marque est l’une des préférées des Français, et les salariés sont fiers d’y travailler, comme l’indique le très faible turnover : 1,40 % en 2019 !
Au fait comment se financent les entreprises responsables ? Des solutions originales existent, comme celle de Lita.
Les Français ont de l’épargne : 5000 milliards d’euros ! S’ils l’orientent vers des entreprises inclusives, respectueuses de l’environnement et créatrices d’emplois, ils feront émerger une économie plus durable et plus juste. Lita veut donc les aider à financer la transition écologique et sociale, tout en les formant aux pratiques financières : comprendre un bilan, appréhender les produits financiers, savoir choisir entre court et long terme, etc.
« La résilience vient du lien entre la valeur et l’utilité d’une entreprise. Lita démontre qu’une entreprise qui allie consommation et production responsables peut avoir également une résilience économique », conclut Eva Sadoun, cofondatrice de Lita, qui a déjà financé plus de 120 entreprises.
« Une entreprise responsable et rentable, c’est possible », c’est un donc un livre bourré d’optimisme et d’idées innovantes et motivantes pour faire des entreprises des acteurs responsables du monde de demain. Avantage supplémentaire pour les gens pressés : il est efficace et facile à lire !